Yacout Kabbaj est née en 1983, elle vit et travaille à Casablanca, Maroc. Yacout fait partie de la nouvelle scène d’artistes marocains contemporains. C’est une artiste plasticienne marocaine. Elle appartient au mouvement post-internet, sur la trajectoire du Glitch Art, transformant des instants d'erreur digitaux figés online, en œuvres esthétiques réelles offline, 

Elle a débuté sa carrière d’artiste très jeune, en 2008, avec une œuvre monumentale de 9 x 3 mètres, à l’exposition « De la géographie urbaine aux lieux du silence » organisée par l’espace Actua à Casablanca, en collaboration avec l’association Casa-Mémoire et le groupe d’artistes italiens du Studio Azzuro, et en 2009, elle intègre la résidence à la Cité des Arts à Paris. Elle y rencontre des artistes internationaux, participe à des expositions collectives et à la Biennale des Jeunes Créateurs des Pays d’Europe et de la Méditerranée à Skopje en Macédoine.

Le travail de Yacout expérimente un automatisme visuel, mais pose aussi des questions fondamentales d’art de son époque, comme les nouvelles esthétiques, les perturbations du visuel provoquées par le hardware et le software, l’accroche esthétique du bug etc... Sa technique, fruit de plus de trois ans de recherches et d’expérimentations plastiques, joue sur les exigences comme les atouts d’une matière à la fois mouvante, évolutive par-delà le geste créateur.

Dans une société qui, par ses mécanismes socio-culturels, conditionne le public à éprouver un inconfort constant voir une peur absolue face aux dysfonctionnements, le Glitch, dysfonctionnement informatique, se révèle être une métonymie des plus appropriées. L'artiste, habile maître de métamorphoses, transcende la vision péjorative du Glitch en tant qu'erreur dans un système social, culturel et sexuel établi. Elle déconstruit l'emprise dominante de la mondialisation pour en faire un erratum nécessaire, un point de départ radieux. cette défaillance, véritable catalyseur, ne saurait être assimilé à une simple erreur. Elle devient plutôt l'étincelle qui enflamme la quête de ces femmes.

Dans son œuvre ingénieuse, Yacout Kabbaj se sert de ces bugs comme d'une palette expressive pour dépeindre ces failles technologiques comme autant de moments de faiblesse où les femmes ont su s’engouffrer. Elles récupèrent ainsi du terrain dans cette société équivoque. À travers ces compositions artistiques où se superposent des strates de peinture, Yacout donne vie à un rectangle central prééminent, représentation d’une domination patriarcale qui pendant des temps immémoriaux a relégués les femmes à la marge, encadrés de délicates bandelettes colorées. Chacune de ces couches symbolisant les victoires acquises par les femmes lors des dysfonctionnements sociaux, telles de brèves éclairs de triomphe.